Page 1 sur 1

Youssoupha - À chaque frère (2007)

Message Publié : 07 Avr 2007, 14:30
par Venezolano
Image

http://www.youssoupha.com/

Biographie a écrit:« A chaque frère » 19 mars 2007

Le rap français tourne en rond. Un vieux fantasme rabâché par tous ceux qui ne le connaissent pas et qui pensent que cette forme musicale n’a pas évolué depuis les années 90. Ceux qui savent et qui écoutent sont déjà au courant d’une évidence : la nouvelle génération des années zéro est là, représentée par Youssoupha, nouvel espoir d’une scène turbulente et toujours créative.
Né à Kinshasa, Youssoupha était prédestiné à devenir artiste. En effet, son père est le dernier géant de la musique africaine. Demandez donc aux connaisseurs ce qu’ils pensent de Tabu Ley Rochereau, alias « Seigneur Ley », et ils vous diront que c’est un des parrains de la rumba congolaise. Mais Youssoupha n’a pas grandi avec ce géant puisqu’il a débarqué à Paris à l’âge de dix ans. « Ma mère m’avait envoyé en France chez ma tante pour faire mes études. On arrivait plein d’espoir pour se trouver un pavillon, et on est resté plus d’un an en foyer », résume Youssoupha, qui a passé son enfance en HLM à Cergy. Venu pour ses études, Youssoupha passe son bac et suit une filière littéraire. Mais déjà, le rap l’appelle. Sous le patronage de Diable Rouge, rapper côté des années 90 qui sortit un maxi avec les X-Men, il fait ses gammes dans le hip hop, lâchant ses premiers « seize » sur des instrumentaux américains dans le circuit underground. Son premier projet discographique est le maxi des Frères Lumière, un duo monté avec son cousin de Belgique. Puis, sur le modèle du collectif Bisso Na Bisso, Youssoupha fonde une coalition hip hop world music sous le nom de Bana Kin, où l’on retrouve le rapper Sinistre (de Malédiction Du Nord) et Philo, qui deviendra l’homme de confiance de Youssoupha quand il se lancera enfin en solo. Bana Kin connaît un succès d’estime et convainc Youss’ que sa destinée est dans le rap. Studieux, il écrit des textes où il s’efforce d’être clair, éloquent, accessible. Pas de « devoir de racaillerie » pour ce MC qui place le verbe au-dessus de l’attitude. « Dans le rap d’aujourd’hui », explique Youssoupha, « il y a beaucoup de thèmes nombrilistes et de choses qui ne parlent qu’à nous. Je ne renie pas, c’est mon milieu. Mais il faut le code, le lexique, avoir vécu en cité depuis longtemps pour capter le délire. Moi, j’essaie d’ouvrir en choisissant un style accessible ». Il lance une formule provocante qui marque les esprits : « t’avais jamais entendu de rap français ».

Youss’ met pourtant longtemps avant de se décider à sortir en solo. Son premier street CD, Eternel recommencement, voit le jour en décembre 2005 et fait l’effet d’une bombe dans le microcosme hip hopien, notamment grâce à « Apologie de la rue » et à l’habile « Anti-Vénus », réponse au « Vénus » de Diam’s du point de vue d’un lascar largué par sa petite amie. Un titre écrit sous le coup d’une inspiration subite en regardant le DVD de Diam’s et inclus au dernier moment sur le CD, dont le pressage a été retardé pour l’inclure. « On a eu des retours de gens qui pensaient qu’elle allait mal le prendre », se souvient Youssoupha, « mais j’ai pris le risque et parié sur son intelligence. Elle a eu mon numéro, elle m’a appelé pour me dire qu’elle adorait la chanson ». Du coup, le « lyriciste bantu » et la boulette se retrouvent ensemble à chanter « Anti-Vénus » chez Thierry Ardisson dans l’émission 93, Faubourg St Honoré.
Début 2006, le nom de Youssoupha est sur toutes les lèvres. Reste à passer l’épreuve la plus difficile, celle de la scène. Trois concerts en janvier 2006, en ouverture de Redman & Method Man à l’Elysée Montmartre sont bookés par Philo, un pari risqué. « On m’avait dit “attention aux tomates“, mais je kiffe la scène grave, et ces shows m’ont donné le goût des lives casse-cou. J’aime faire des concerts où on ne m’attend pas, où c’est perdu d’avance. Comme ça, je vois si mon show tient la route face à un public qui ne m’est pas acquis ». Un triomphale première partie de Busta Rhymes au Zénith de Paris en juin 2006 officialise le sacre de Youssoupha comme buzz de l’année. Hostile montre son intérêt, le premier album officiel doit voir le jour courant 2007. En guise de prélude, Youssoupha case « Scénario », produit par Tefa & Masta, sur la compile Hostile 2006 (« mon premier morceau sur une major »).

Mais l’album tarde à venir. Normal : Youssoupha est un perfectionniste, pas le genre à lâcher quelques couplets en freestyle en écoutant les compliments des copains. « J’avais trois ou quatre titres prêts mais j’ai préféré tout reprendre à zéro. C’est pour ça que l’album sort tard, mais ça en vaut la peine. Je le vois aujourd’hui parce que les gens ont les crocs. Ils le veulent, cet album, et il a intérêt à être bon. Elle est là, la pression ! »
Parmi les invités de marque de ce premier album, il y a le « funky babtou » Kool Shen, rencontré lors de l’enregistrement d’une compilation indé qui vient backer le refrain du « Monde est à vendre », un des piliers de ce premier album tout en finesse. Mais il serait difficile d’isoler un titre parmi tous ceux de À chaque frère. Dans « Macadam », Youss’ se démarque des rappers qui vénèrent la rue : « c’est pas la rue qui m’a éduqué/Je connais les ruses, la vie rude/J’ai joué à la roulette russe et elle m’a dupé/Du mal à lutter, du plomb dans le cartable/À chaque fois que tu te fais insulter, ça finit par une castagne. » « Mes textes préférés, c’est quand j’ai l’impression qu’il y a des moments de magie où le fond a l’air de rejoindre la forme. Quand les mots s’imbriquent les uns aux autres, que les consonances viennent toutes seules. Comme si certains mots avaient été créés pour servir le texte que je vais rapper », explique Youssoupha. Fier de ses racines, il sample les discours des trois leaders noirs du 20ème siècle que furent Malcolm X, Martin Luther King et Patrice Lumumba dans « One Love », et retrouve Diam’s le temps d’un duo, « Les meilleurs ennemis ».

Entièrement enregistré à Montreuil au studio Blaxound avec des jeunes beatmakers qui ont le mors (The Soul Children, C. H. I., DJ Nabil, Peligroso) et un poids lourd du son (Madizm), mixé par Chris Chavenon, À chaque frère n’est pas le disque d’un « intello du rap » mais celui d’un jeune auteur talentueux, fou d’écriture, qui ne renie rien de son vécu banlieusard et a l’ambition d’amener sa musique là où elle n’a encore jamais eu droit de cité. Pour Youssoupha, refuser la facilité de l’argot et la vulgarité systématique ne veut pas dire se renier. « Je représente les jeunes, les lascars, les mamans, les papas, tous ceux qui souffrent mais pas les endroits. Qu’on brûle les ghettos et qu’on dégage tous de là ! Je ne veux pas être jugé sur les critères ghetto du rap parce que j’aurais zéro. Gardez-les si ça vous amuse, moi je dois m’en sortir, pas faire l’apologie du ghetto ».

Qu’on ne s’y méprenne pas : À chaque frère est l’album d’un rapper français d’origine africaine, pas celui d’un communautariste ni d’un sectaire. « Ça n’est pas un album pour les noirs », conclut Youssoupha, « c’est un album fait par un noir pour que les noirs se reconnaissent mais que tout le monde l’entende. Affirmer l’identité de sa communauté, être fier d’être noir, ça ne veut pas dire fermer sa porte aux autres. Je fais partie des gens qui pensent naïvement que noir, blanc ou arabe, on est tous en galère parce que dans le futur, on sera tous métissés ».

Olivier Cachin


8)

Message Publié : 07 Avr 2007, 14:39
par Venezolano
Le skyblog avec les paroles transcrites :

http://youssoupha95.skyblog.com/

Un gros big up à Hostile Records au passage !

Message Publié : 07 Avr 2007, 14:45
par Venezolano
http://www.rfimusique.com/musiquefr/articles/087/article_16798.asp

Image

À chaque frère, qui sortira mi-mars, va révéler au grand public Youssoupha. Un rappeur au flow limpide et aux rimes sensées, dont le style accessible ne signifie pas qu’il a fait l’impasse sur les sujets de société les plus polémiques. Citant les leaders noirs africains (Patrice Lumumba) et américains (Malcolm X et Martin Luther King) dans One Love, dissertant sur la rue dans Macadam, Youssoupha ne manie jamais l’anathème et s’interdit le parler cru. Du rap de qualité sans insultes ni argot indéchiffrable ? C’est possible avec Youssoupha, peut-être aussi parce qu’il est le fils d’un seigneur de la musique africaine, Tabu Ley Rochereau, dont il a hérité du charisme et de la prestance.

RFI Musique : Quel a été ton parcours personnel avant de devenir rappeur ?
Youssoupha : Je suis né à Kinshasa, et ma mère est Sénégalaise. Mon père est un grand chanteur de variétés congolaises, Tabu Ley Rochereau. J’avais un peu envie de faire de la musique quand j’étais au bled, mais j’étais timide et là-bas, c’est la rumba qui fonctionne donc il faut apprendre à jouer de la guitare, de la batterie, à chanter… À dix ans, je débarque ici. Ma mère m’avait envoyé en France chez ma tante pour faire mes études. C’était le parcours préféré des Africains dans les années 1980/1990, les études. Maintenant on vient juste pour s’en sortir, il n’y a même plus de prétexte. J’arrivais plein d’espoirs, et on s’est retrouvé dans un foyer. On a fini par avoir un HLM à Cergy, en région parisienne. J’y ai grandi mais dans ma tête, j’étais en transit. J’ai eu envie de rapper parce que je kiffais l’écriture. Dans le rap, pas besoin de solfège, tu kickes avec tes potes. Le rapper Diable Rouge était le meilleur ami de mon frère et j’ai grandi en le voyant rapper, il m’a un peu coaché au début. J’ai monté un premier groupe en 1998 avec mon cousin de Belgique, Les Frères Lumière. Une fois les études achevées, le marché du travail ne répondait pas et celui du rap, si. J’ai fait le projet Bana Kin avec Philo et Sinistre, un mélange de rap et de musique africaine. Ça m’a donné une envie de malade de continuer dans les studios parce que j’ai pris du plaisir à faire des titres, à écrire des textes.

Qu’est-ce qui t’a amené à être signé sur une major en ces temps où les signatures hip hop se font rares ?
Déjà la conjoncture, qui fait que les maisons de disques attendent de voir le retour de la base pour les nouveaux artistes. Avant, ils prenaient des inconnus et leur montaient une crédibilité. Maintenant, ils regardent les retours du public et de la rue sur les Street CDs. Et avec moi, ils se sont dit qu’en plus j’étais "startable" sur des réseaux plus larges parce que - c’est ce qu’ils disent - j’écris bien. C’est articulé et c’est un message accessible.


On avait déjà remarqué sur ton Street CD Eternel recommencement que tu employais très peu d’argot…
Moi-même, je le remarque par rapport à ce que j’entends d’autres rappeurs. Dans le rap d’aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui ne parlent qu’à nous. Les thèmes sont souvent nombrilistes. Je ne renie pas, c’est mon milieu, mais je constate qu’il faut avoir les codes, le lexique, avoir vécu en cité depuis longtemps pour comprendre le délire. Moi j’essaie d’ouvrir le truc en choisissant un style accessible pour qu’on se comprenne.

Une chanson t’a fait connaître, Anti-Vénus, une réponse au Vénus de Diam’s…
J’étais chez ma tante, je matais le DVD de Diam’s et je me suis dit que ça serait mortel si un rappeur faisait une version masculine de cette chanson. J’ai écouté son style pour voir comment elle posait et j’ai calqué son flow en mettant des mots d’homme sur une situation inversée, un mec qui se fait tromper par sa femme. C’était super facile, j’avais l’impression de remplir des cases ! Tout est bien rangé chez Diam’s, donc c’est plus facile de remettre les meubles. J’ai emménagé. Le street CD partait en fabrication deux jours après, on a reculé le pressage. Certains pensaient qu’elle allait mal le prendre, mais j’ai parié sur son intelligence et j’ai pris le risque. Elle a eu mon numéro, elle m’a appelé et elle m’a proposé qu’on le fasse ensemble, elle adorait. Et humainement, ça s’est super bien passé. On a fait l’émission de Thierry Ardisson 93, Faubourg St Honoré ensemble avec elle au piano. Elle connaissait le texte par cœur. C’est une meuf en or, une boulette de fille ! Elle kiffe le rap, elle me soutient régulièrement. On a prévu de faire un morceau ensemble.

Youssoupha À chaque frère (Hostile Records/EMI) 2007
Concert en première partie de Method Man le 8 avril à l'Elysée Montmartre à Paris



Olivier Cachin


Image

Message Publié : 07 Avr 2007, 16:20
par Fizzle
j'ai vraiment étais surpris par cet album!
c'est du rap franc et direct et chose commune à l'époque mais qui sort du lot aujourd'hui, il n'y a pas de titres crunk! :lol:

le clip du single:
:arrow: http://www.dailymotion.com/video/x1cmy1_youssoupha-ma-destinee

au passage youssoupha est l'auteur d'une des punchlines les plus terrible du rap français!!
"t'avais jamais entendus de rap français!!!!" :twisted:

Message Publié : 07 Avr 2007, 17:58
par Scez
A classer dans les meilleurs albums rap fr 2oo7.

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:13
par Kicket
ah frais ça... je connais juste le bonhomme de réputation, comme un peu tout le monde je suppose, il a un bon ptit buzz depuis un certain temps quand même...

va falloir que je jette une oreille voir même 2 sur l'album, eheh... :wink:

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:17
par Subject
Alala Youssoupha fait vraiment du bien au rap FR qui lui s'essoufle vraiment là. Je le classe avec mes preferés : Pit Baccardi, Kohndo, Kamnouze & Dany Dan. Peace

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:27
par Fizzle
Subject a écrit: Kamnouze


tu ne préfère pas l'original (Horsek d'osfa) à la copie? :lol:
c'est fou comme kamnouze à pompé son flow!! :shock:

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:29
par Subject
Mec qu'est-ce que j'en ai à faire qu'il aie copié? Tout ce que je sais c'est qu'un CD de lui c'est frais et c'est tout. Peace

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:44
par Fizzle
ouais ouais pas de galères respect à ce rapper breton!
et c'est un normand qui te dis ça alors crois moi c'est serieux la!! :lol:
c'était juste une touche d'humour, d'ou le joli smiley en fin de phrase... :wink:

Message Publié : 08 Avr 2007, 17:46
par Subject
Nan t'inquiète, j'avoue que je l'ai mal pris, mais c'est comme ça je m'emballe trop vite quand on diss (j'ai pas dit que tu dissais hein) les rares artistes français que je respecte. Mais jme disais bien : Horsek d'osfa :shock: . Enfin soit mille sorrys. Peace

Message Publié : 09 Avr 2007, 05:31
par Mr Ice Storm
jl'ai vu en concert samedi à lyon, ça va honorable prestation, bonne présence sur scene, des textes sympas..

pas mal de fans dans l'public, j'connaissai aucune parole :oops: , pas grave, jme suis ratrappé après pour method man 8)

Message Publié : 11 Avr 2007, 00:54
par VincePFunk
l'album ne devait pas s'appeller ma negritude?

Message Publié : 11 Avr 2007, 01:13
par Fizzle
il devait s'appeller "negritude" mais le mot fait trembler la france! :lol:
alors il a préferé le renommer...

Message Publié : 11 Avr 2007, 01:18
par VincePFunk
Fizzle a écrit:il devait s'appeller "negritude" mais le mot fait trembler la france! :lol:
alors il a préferé le renommer...


lol c'est juste qu'il avait peur de vendre moin de disque c'est tout :wink:

Message Publié : 11 Avr 2007, 01:20
par Fizzle
oui sans doute mais il y a aussi les pressions des majors ou autres médias... :wink:

Message Publié : 11 Avr 2007, 01:25
par VincePFunk
Fizzle a écrit:oui sans doute mais il y a aussi les pressions des majors ou autres médias... :wink:


Tu sais les rappeurs calculent beaucoup plus qu'ils ne le laissent croire et dans le genre retournement de veste il est très très fort :wink:

Message Publié : 11 Avr 2007, 01:31
par Fizzle
lol t'inquiètes je connais un petit peu le monde du rap! :wink:
pour youssoupha tu as peut-être raison je ne le connais pas perso donc je ne peux pas affirmer qu'il a reçut des pressions!
je sais simplement que cela se fait...

Message Publié : 13 Avr 2007, 07:41
par Ricco
J'adhère à son LP ça change de ce qui sort en ce moment ,il a su se démarquer!!!

En passant un petit coup de pub pour ma cousine qui pose sur son album sur la track "Les apparences nous mentent"(elle chante)


http://miss-ayna.skyblog.com/
http://www.myspace.com/lamissayina
Image

Message Publié : 14 Avr 2007, 10:35
par Venezolano
Pour moi perso c'est la bande son de la lutte de classe !

Mais c'est là que c'est le boss, c'est que ça paraît pas évident, du moins pas de façon caricaturale. C'est avant tout du vécu, et on se retrouve tous dans des morceaux de ce vécu. Pas de discours cliché, mais c'est bien cette identification qui fait de nous une classe populaire, avec des valeurs propres, des codes propres, une histoire, un goût pour la liberté ...