Le Parisien a écrit:IL A BEAUCOUP MINCI. Et, dans son album « Peace Maker » qui sortira le 17 novembre, on retrouve chez Doc Gynéco, alias Bruno Beausir, 34 ans, un certain dynamisme qui semblait l’avoir quitté depuis quelques années. « C’est lié à une envie, à la joie de revenir en studio après tout ce que j’ai traversé, explique-t-il.
J’ai pris le micro comme un sac de frappe. » Quant à sa ligne… « Je m’étais laissé aller avec des sorties et des fêtes trop arrosées. Comme un artiste, en fait, avec tous ses mauvais côtés. Là, je me suis mis en condition. » Porté par le single « A coeur ouvert », son nouveau CD recèle de bonnes surprises, pleines d’humour et de mélodies. Faudra-t-il, encore, qu’il soit écouté sans a priori après ses prises de position politiques lors de la précédente campagne présidentielle.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres rappeurs ?
Doc Gynéco. La plupart ont choisi la voie du hardcore. Comme si la pop et le rock n’existaient plus. C’est pas possible ! Les rappeurs, pour la plupart, traînent avec des voyous. Ils ont tous été incarcérés pour une raison ou pour une autre. Ce n’est pas parce que le rap est une musique de jeunes que c’est une musique de cons. Moi, je traîne avec des galériens, mais des galériens droits. Des zonards cool. Pour moi, les rappeurs français sont presque tous des clowns. Ils ne sont pas de mon école et je ne ferais jamais rimer « pitbull » et « foule ».
« Je suis toujours mal à l’aise quand quelqu’un ne dit que du bien de moi »
Votre album est produit par Pierre Sarkozy. C’est de la provocation ?
Non. Au départ, ç’a été ma crainte qu’on le pense après que je me suis engagé au côté de son père. Mais à l’écoute de sa musique, j’ai été moi-même surpris et les gens du rap ne peuvent qu’acquiescer. Nous avons travaillé ensemble naturellement et ce garçon en connaît autant que moi sur la musique américaine, de Marvin Gaye à James Brown. Il maîtrise parfaitement le funk et la soul et il y a entre nous un effet de miroir. Nous étions faits pour nous rencontrer.
Dans la chanson « Céleste », vous vous qualifiez de « mec de droite ». Qu’est-ce ça signifie pour vous ?
J’ai toujours eu envie de monter mon entreprise, même lorsque je traînais dans un hall d’immeuble. Ça a toujours été naturel pour moi d’avoir envie de m’en sortir. Lorsque j’ai réussi dans la musique, on m’a expliqué que ces valeurs étaient des valeurs de parvenu, des valeurs de droite. Alors OK, je suis un mec de droite et je le proclame. Au début, ça a fait marrer tout le monde. Lorsque je me suis vraiment engagé, ils ont trouvé ça moins drôle.
Vous vous êtes alors fait beaucoup d’ennemis ?
Je n’en veux à personne. Même pas à Ségolène Royal. Même si cette chanson, « Céleste », lui est une réponse chantée. Lorsqu’elle a dit au stade Charléty Doc Gynéco n’est pas Victor Hugo, j’ai trouvé ça marrant sur le moment. En revanche, à la suite de cette déclaration, on m’a fait des menaces, on m’a regardé de travers, puis on m’a agressé verbalement. Elle n’avait pas à s’en prendre à moi comme ça en provoquant cette violence gratuite.
Pas de regrets au sujet de votre engagement ?
Aucun. Mais j’aurais juste aimé avoir été respecté comme un adversaire politique. On n’attaque pas quelqu’un qui ne peut pas se défendre. Manifestement, ça ne fait pas partie des valeurs de ces gens-là. Moi aussi, je porte le maillot de la France à ma manière. Je n’ai pas à être ainsi sifflé.
N’avez-vous pas parfois le sentiment de prêter le flanc aux critiques avec, notamment, vos démêlés avec le fisc ?
Je n’ai jamais eu d’argent de ma vie. J’ai grandi porte de la Chapelle et la seule paye était celle de ma mère. Elle n’a jamais payé d’impôts. Lorsque j’ai commencé à gagner de l’argent grâce à la musique, je ne me suis pas occupé des impôts. J’avais 20 ans et aucune connaissance de tout ça. Ça m’a coûté très cher. J’ai tout payé, c’est fait. De bon coeur, même.
Vous êtes un des personnages du roman de Christine Angot, « le Marché des amants ». Comment avez-vous pris ça ?
Il n’était pas question de la censurer. Et je suis toujours mal à l’aise quand quelqu’un ne dit que du bien de moi. Je n’en ai pas l’habitude. Son style consiste à raconter des détails sur ses relations sexuelles. Bien sûr, j’ai été choqué de voir tout ça écrit. Des copains écrivains m’ont expliqué que je faisais, quelque part grâce à elle, mon entrée dans la littérature française. Pour un mec comme moi, c’est pas mal.
Doc Gynéco, « Peace Maker » (disques Archambault). Sortie le 17 novembre.
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