Mai 2009. Bon ben ça y est il fait chaud. Les ladies se dénudent, je fais admirer mes muscles saillants durcis par le sport, on commence à prendre l'apéro sur la terrasse et on se fait inviter à moult barbecues. Entre une pinte, un spliff et une côte de boeuf, c'est le moment de sortir le son qui va avec. Geeeee Funk. Nickel, mais depuis quelques années, les bombes blindées de basses et de sirènes se font de plus en plus rares en provenance de Californie. Rhythmalism, Guerrilla Funk, Real Brothas, Uncle Sam's Curse, Illegal Business et tous les classiques... et ouais, on les connaît par coeur. On veut du neuf. Pourquoi aller le chercher à -12 de décalage horaire alors qu'on dispose d'une usine à gros beats funky sur notre territoire? Splifton, 94 zone pav. On y revient. Le turf d'Aelpéacha, ni plus ni moins que le boss incontesté du G-Funk en France. "Oui à un G-Funk de France, non à un G-Funk en France". Oh ta gueule. On va pas dénaturer le truc sous prétexte qu'à Paname, y a pas de palmiers, pas de Venice Beach, pas de Roscoe's, et pas plus de Bloods que de Crips. Le A applique la recette à la lettre, produit du beat lourd au Studio Delaplage, mais son talent le démarque du lot. L'année dernière, son Pèlerinage l'a amené encore plus près des sommets. Ses rythmiques et ses basses cassent de plus en plus les nuques, ses mélodies et ses rimes vrillent de plus en plus les cerveaux. Cette année, il fait croquer. Toute la fine équipe est présente au studio. Alcool, Luxure, Putes, Hasch, Alcool. Chargé, donc.
Chargé comme la tracklist : 27 titres, invitant Driver, J'l'Tismé, Papillon, Supa John, 4.21, MSJ, Southcide Trece, Waslow, Topaz, Pimpsi, Seno.... que les autres me pardonnent, la liste est longue. Les potos Fabrice Eboué et Thomas Ngijol viennent poser quelques petits interludes, et l'excellent SOB, le Roger Troutman français, rajoute sa gratte et sa légendaire talkbox. Chargé comme la pochette du disque : le bordel organisé, une soirée Splifton cartoonisée, chaque personnage caricaturé à la perfection, chacun dans l'action qui le caractérise... woofers, fûts de 1664, rhum 3 Rivières s'entassent devant le studio... Un taf si bien exécuté par les Lil Thugs qu'il bénéficie d'un format poster dans le livret!
Que du classique dans le son, mais du classique qui fout des claques. Le Splifton Freestyle Ride par exemple. Basé sur une grosse basse grasse et ronflante et une ligne de synthé bondissante, le beat accompagne le A et MSJ dans leurs élucubrations "il n'y a pas de soirée tant qu'on y a pas mis les pieds, dixit Pimpsi du RD / pas de dégât, pas de ré-soi, pas de gnôle, pas de chatte, pas de show, pas de Aélpéacha / on voulait vraiment venir et assister à la suite mais j'ai du mal à rester en place quand on me suce pas la bite" "hip-hop toc toc j'suis venu pour faire la paix, j'ai de la bière sans alcool et un mec qui sait rapper" (bing). Ces gars-là détestent se prendre au sérieux. Qui d'autre aurait pu avoir l'idée de reprendre note pour note le refrain de notre "Sous le soleil" national? Topaz chante "Saouuul au soleeeeeil, la défonce est douce et c'est tout ce qu'on aime, jusqu'à en devenir fou, fermer les yeux, pour se sentir mieux, on est saouls au soleil", Papillon et le Fou la Merde rappent paisiblement leur amour de l'été, ça glisse tout seul. Le Southcide Trece place un titre bien gangsta appuyé par une sirène hypnotique et une nappe de synthé pachydermique. Gangsta comme les 2 épisodes de la chanson-titre, la première très Fred-wreckienne accueillant Sobre, BESS et LC, la seconde changeant de beat entre les couplets hardcore de Seno et Test d'ATK. L'ambiance redevient laid-back sur le solo de Papillon qui baise la vie dans un pur style chantonné "Os, bandits et harmonie"... Ok, mais il n'y a pas d'album Splifton sans un titre bien salace. "Savoir-faire" nous montre Driver et son slip léopard (sisi), MSJ et D.Dy en train de narrer leurs prouesses sexuelles à une Félina plus cochonne que jamais "viens bébé prends-moi, tout tout tout au fond de moi, lèche-moi, baise-moi sexe-moi". Ils ont intérêt à l'avoir, le savoir-faire... Le tout sur un "Between The Sheets" des Isley Brothers à la sauce Aelpéacha. Ce n'est qu'un aperçu des multiples friandises que recèle cette compilation... Saupoudré par des interludes à péter de rire, les apparitions du "Pasteur Fabrice" Eboué, du "Black Pimp Thomas" Ngijol, HenriSalDarkVador et son "Barbecue d'hiver", et un "rap conscient" old-school 80s (oui, ringard, c'est bien ça... mais exprès...) du A pour dénoncer l'usage excessif du N-mot dans le rap français... Gnagnagna le raciiiisme, tout ça quoi.... et cerise sur le gâteau : un "Tomboulafacette" aussi funkédélique que Funkadelic et qui figurerait facilement au sein de Gloryhallastoopid ou d'Electric Spanking Of War Babies ; et un "187 on the cops" talkboxé à la perfection par SOB. Talkbox > Autotune, ouais ouais.
Avec "Chargé", on a de quoi rider tout l'été!! Euh j'avais déjà écrit ça la dernière fois que j'ai chroniqué un album d'Aelpéacha. Peu importe, j'espère pouvoir le dire chaque année désormais. Le mot de la fin pour le A.
Analysé DEF, localisé IDF
S-P-L-I-F T-O-N, Dillon dans les veines
notre route, autoroute A4 en roulant doucement
notre ride est la route du rhum et la mort est au tournant
ADN éthylique, alcoolique est la génétique
quand on kicke, je t'explique, gangsta shit est le générique
2008 tu sais que c'est cuit, que c'est niqué
chir-dédédé, fons-dédé, jamais contesté, toujours attesté
par le poulet qui vient t'éthéthylotétééstéter
et même tout l'hiver, quand mes négros désespèrent
le rider lève son putain de pot d'échappement dans les airs
car j'en ai rien à branler, tu peux tous leur demander
beuh, beuh, beuh... j'en ai rien à battre
c'est le A, T-R-O-P-D-E-F, zone pav Splifton 9-4 IDF
Ma note : 17/20
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