
Alpha 5.20, on en parle pas mal ces derniers temps. Son album est attendu au tournant, le voilà à présent dans les bacs. Amis du gangsta rap à la française, ce disque est fait pour vous, puisque le MC propose un modèle de hip-hop racailleux à souhait.
Un petit buzz s'est monté autour du personnage, notamment en raison de ces multiples mixtapes. Son commerce (licite à présent, ce qui n'a pas toujours été le cas comme en témoigne son pseudo, en référence au 25 grammes qu'il avait coutume de revendre) de disques aux puces de Clignancourt fait école aujourd'hui. D'ailleurs on ne peut enlever une bonne connaissance de l'univers rap hexagonal à Alpha 5.20, preuve avec les quelques références à des artistes qui ont fait la gloire du hardcore & underground français (exemple : qui se souvient des Démocrates D ?), tradition dans laquelle s'inscrit le MC.
Le contenu de cet album correspond bien à la réputation sulfureuse du personnage, aussi les fans de ce type de prestations ne seront pas déçus. Il est ici question de violence, de commerce illicite, de passé trouble, Alpha soignant son image de mauvais garçon dès l'introduction (« Le Boss veut te voir »), faisant référence à d'illustres prédécesseurs tels que l'inévitable Tony Montana, ou encore Khaled Kelkal, Mesrine… Le ton est donné, et n n'en déviera pas tout au long de l'album : « De quoi faire kiffer les gangsters et mes salauds »…
« Vivre et mourir à Dakar » est bien entendu un titre-hommage à la légendaire chanson de Tupac (" To Live and die in L.A."), mais si on sent le rappeur très attaché à ses racines et à la défense de préoccupations ethno (très en vogue dans le rap en ce moment), le Sénégal n'est pas trop abordé dans cet opus, comme le montre les titres la tracklist : « Armes à feu », « Ben Laden Music », « Mon crack », « Quand les thugs prient »… Et encore une référence au gangsta rap sur « Vivre et mourir », clin d'œil à l'inénarrable et discutable 50 Cent.
Les prods sont assez réussies, d'inspiration kainry comme on peut s'en douter, bien qu'un peu répétitives dans le registre noirceur et mélancolie; les principaux compositeur ayant contribué aux sons étant Ton R, Jack S & DJ H (des grands amis de l'alphabet). Elles collent bien à l'univers de l'artiste : son dur passé, dévoilé un peu au fil des différents morceaux, expliquant cette rancœur et cette colère sans cesse renouvelée d'un rap à l'autre.
Néanmoins, autoproclamé rappeur phare de l'hexagone, on cherche encore ce qu'il lui a apporté, sinon un disque attendu qui comblera certes les amateurs du genre, et qui va assez loin dans sa logique particulière. Les autres peuvent passer leur chemin, ou réécouter « Le Crime paie » de Lunatic dont l'album offre plusieurs déclinaisons.
Certains titres s'écartent un peu de ce chemin, notamment « Les Larmes du soleil », plus personnel, intimiste et sincère (« La caravane passe, et les chiens m'écoutent » : bonne phase), et « Le Monde est un ghetto », sur une belle instru, est une réussite. La vision de l'amour selon Alpha est exposée sur « Enlève tes pessas », à découvrir mesdemoiselles.
Du côté des featurings, la qualité est au rendez-vous : outre sa clique du « ghetto fabulous gang », le skeud donne la parole à Médine, LIM, Alibi, Sefyu, Iron Sy ou encore à Lino, livrant une apparition à sa hauteur.
L'album est accompagné d'un street DVD, composé de ghetto-reportages et parsemé de freestyles : on peut suivre les escapades d'Alpha dans Châtelet, des virées aux quatre coins de la banlieue de Panam, un reportage sur le prometteur Iron Sy, une escale intéressante à Cincinnati pour rejoindre les frérots d'Alpha officiant dans le bizz, un freestyle de Sinik… Sans oublier bien sûr une belle plongée à Dakar, bled où Alpha vit et meurt d'après le titre de son opus.
Au final, disons que le MC a composé un album qui sent le soufre, on n'en espérait pas moins. Il est clair que Alpha cherche la polémique, parfois de manière simpliste mais avec un indéniable sens de la provocation. « J'vais mourir bêtement, négro, ça je l'sais » : lucide, Alpha, mais on lui souhaite quand même d'éviter les pépins.
(P-A)
-Hamed-
http://www.rap2k.com/albums-rap-26609-vivre-et-mourir-a-dakar.html
En résumé, du bon son, ou le délire Gansta est complètement assumé au point de le tourner en dérision. En tout cas à prendre au second degré (sinon ça peut en faire flipper certains

http://www.myspace.com/ghettofabolousgang
Feat avec LIM & Alibi = premier morceau : une tuerie !